Jean-Francis SIMON, ancien de la Promo 60 C nous fait la grande amitié de partager ses souvenirs par des récits autour de l'album photo de sa formation de pilote à la Base 707 de Marrakech. Il nous présente sous un autre angle cette promo ultime que Jacques Ribailler nous avait conté. Ceux qui voudraient prendre contact avec Jean-Francis SIMON peuvent écrire par le lien "Contacter l'auteur" en haut à gauche de la page. Il sera heureux d'avoir des nouvelles des anciens de sa promo. Pour faciliter les commentaires toutes les photos sont numérotées. Les numéros de 1 à 24 concernent les photos de Jacques Ribaillier.
Jean-Francis SIMON: « En avant-propos, toutes les photos que je vous présente ont été prises par d’autres personnes ce qui amène des différences de luminosité, de texture et bien entendu de tirage…
La promo 60C a commencé en février 1960, et nous avons déjà profité du tremblement de terre d’Agadir… Pour ma part je n’ai rien ressenti du tout, et pourtant la Marine a mis en vol un avion qui avait servi non seulement dans la réalité mais encore dans ce film qui retrace cette réalité, à savoir « Les Briseurs de barrages » et cet avion est l’Avro Lancaster.
Avant je vais vous présenter une célébrité de Marrakech, la grande dame de la place Jemaa-el-fna, la Koutoubia prise de nuit….
Voici donc l’Avro Lancaster, en plein soleil :
Nous passons à un exercice de haute tenue (celle des moniteurs), où 55 T6 ( plus un) ont été mis en vol pour la Saint ELOI; où le "plus un"était chargé de rectifier la position des autres en étant bien au-dessus de la formation. Je n’ai jamais revu de formation semblable, et tout cela s’est posé en 10 minutes………
Photo 3 / 27
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Je vole sur le T6 N° 83 avec le sergent RODDE comme moniteur
De nouveau en formation sur le T6 N°57, avec Marrakech et la Koutoubia en arrière-plan
Et là de nouveau un Lancaster
Nous sommes toujours en vol en formation avec le T6 83 (Rodde /Simon)
Aperçu plus terre à terre d’un Lancaster vu de face.
Pour se souvenir de la lumière dans laquelle on baignait, rien ne valait l’ombre d’un Noratlas et pour ceux qui y ont travaillé vous découvrez la tour de contrôle de l’époque.
Revenons au vol, là vous chercherez où est le photographe...
Avant d’aborder un terrain mythique, voilà la rencontre d’un géant nommé Atlas avec un autre…
L’école de pilotage commençait par les cours au sol et ensuite venaient les cours en vol . Au début, par méfiance et surtout par expérience les cours en vol démarraient sur le terrain de Sidi Zouine, à une trentaine de km à l’ouest de Marrakech. Sur les cartes on voit toujours son emplacement et avec Google Map on voit encore la trace de la piste. Donc un partie des pilotes allait en vol sur ce terrain et l’autre partie y allait soit en bus soit en camion bâché ou plutôt bâches relevées, ce détail a son importance.
La piste dans cette immense étendue semblait avoir été faite avec de l’huile de vidange qui avait longuement imprégné le sol et de par la même nous offrait une surface d’une certaine dureté et pratiquement noire.
Voilàà quoi ressemblait le terrain de Sidi Zouine en 1960
Là un pilote qui a terminé son entrainement...
Et là une équipe qui su garder des liens assez longtemps
Photo 14/38 : Apparaissent de gauche à droite :Max Toquebiau, Jean Francis Simon, Patrice Veron, Rouffiac, Sido
Pour revenir aux camions avec les bâches relevées qui nous amenaient à Sidi Zouine, les élèves pilotes que nous étions avaient tout le temps pour admirer le paysage et cette contemplation cahotée prenait une autre tournure lorsque des cyclistes se trouvaient sur la route. Et oui il y avait une façon de dire bonjour que quelques-uns avaient mis au point, à savoir la technique du bras d’honneur. C’était à celui qui en ferait le plus, jusqu’à ce que les cyclistes qui roulaient généralement de front, essayent de nous répondre !!
Lorsque la réponse était franche et nourrie, en général cela se terminait par une salade de guidons, de rayons et autre jurons dont nous nous éloignions………………………….
« Après l’équipe du H29,car il y avait les T6 grand H et les T6 petit h en plus des autres variantes dont aujourd’hui je ne saurai vous dire quelles étaient les différences……. Je pense que certains « spotters » le savent mieux que moi. Suit une photo où je suis en compagnie de Doumax, qui était lui aussi du sud-ouest et qui profite bien du poids du parachute siège.
Et avant de reprendre le bus, tant que nous sommes sur le terrain de Sidi Zouine, là où tous les exploits involontaires pouvaient être tentés, un jour un des pilotes marocains qui vivait le même entraînement que nous a tenté sa chance !!! il s’agissait d’Alami Mejatti.
Donc aligné pour le décollage (piste 31), Alami met les gaz dans l’axe de la piste bituminée, puis passe de la queue basse à la position deux points. Et là Alami fait très fort ……….., son avion effectue un changement de cap de 90 degrés à gauche !!!!!!!!!!!!
Evidemment il roule sur la partie de la piste qui n’a pas de bitume, d’où un énorme nuage de poussière qui cache rapidement l’avion à notre vue..
Dans ces cas-là les pompiers qui sont dans les startings blocks ne discutent pas, démarrent plein pot et de ce fait le nuage de poussière fait plus que s’épaissir, car à ce moment-là tout le monde a mis sa cape d’invisibilité…….. Plus de T6, plus de pompiers !!!
Les secondes se passent, pas d’explosion, pas de bruit de ferraille…… et soudain un T6 émerge au-dessus du nuage de poussière à un détail près !................... il est revenu dans l’axe de la piste !!!!!!!!!!!!!!!!
Alami devient l’ un des rares pilotes au monde à avoir effectué 2 fois 90 degrés au décollage et avoir décollé dans le bon sens !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Et pour couronner le tout, comme pour le faire exprès il se pose avec un pneu éclaté , avec une telle délicatesse qu’un chibani n’aurait pas fait mieux……………………. »
Sidi Zouine était riche en émotions, entre ces décollages où le couple gyroscopique demandait àêtre maitrisé, les vrilles verticale barraque starter qui n’en finissaient plus, et où le préposéà la radio a pris plus souvent qu’il ne le voulait, les jambes à son cou…
Donc , une fois les vols terminés, ceux qui étaient venus par la voie des airs, repartaient en bus.
L’embarquement :
Photo 16/40 ... et une fois en route
Et oui, vous constatez que les parachutes étaient installés dans les filets et avec les cahots de la route, de temps en temps il y avait de la chute libre … !, le contact avec les boucles métalliques n’était pas des plus appréciés… et là il fallait avoir la main leste pour récupérer l’objet volant !
Sur cette photo il y a quelques personnages que l’on peut identifier :
Côté droit du bus, d’avant en arrière : Aimé Oliveras, Romary, Simon JF, Challend de Cevins
Côté gauche du bus : portion de visage : vraisemblablement Petitet, derrière avec lunettes : Chérigié et le 3ème rangée milieu gauche : Dal Pozzo.
Sur un autre cliché l’on aperçoit les moyens mis en œuvre pour notre sécurité et ce n’est pas une vaine précaution ……
Là je crois que je n’aurais pas de photo plus précise de l’élève pilote que j’étais. On voit que le matériel sert intensément vu le nombre de traces de pataugas sur l’aile..
Photo 19/43
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Et avant que les djinns décident du sort du 103, voici une pose avec Aimé Oliveras.
Ceci dit, ni lui ni moi ne sommes responsables des évènements qui font suite :
Apparemment la remise de gaz ne s’est pas trop bien passée, notamment pour la casserole qui manquait de sauce ; quant au pilote Villanova il s’en est bien sorti……………………….
« Nous voilà revenus sur la base où il y a une importante Prise d’Armes
Et maintenant
Le grand « poème » des « Julies ». C’est ainsi qu’avaient été rebaptisés ces trimoteurs Junker 52, en bonne tôle d’aluminium ondulée. Quelle expérience nous avons vécue, il ne s’agissait pas de les piloter, en fait elles faisaient partie du premier vol que nous avons fait à Marrakech, soit disant un entraînement à la navigation.
En fait il s’agissait d’un doux euphémisme pour tester la résistance de nos estomacs…dans cet amas de tôles surchauffées.. bonjour les repas, au mieux le petit déjeuner, au pire le repas de midi………Il faut dire que l’engin avec ses trois moteurs assurait sa sustentation tout en nous débarrassant de la nôtre………….La voltige que nous avons fait plus tard était un amuse-gueule-excusez le terme- en comparaison du marsouinage auquel on était soumis.
Bien qu’ayant volé en aéro-club sur NC853, sur Jodel et sur planeur avec décollage au treuil, la sensation que l’on éprouvait sur la Julie, n’avait rien de commun à ce que j’avais pu découvrir par ailleurs………….
Une des meilleures places était de se coller le nez sur un hublot dans la portion centrale et tenter de respirer de l’air frais, disons plutôt tiède, assaisonné de vapeurs d’huile ……
Certains d’entre nous ont passé le vol à côté des toilettes, sinon dedans, au fond du fuselage, ce qui dit en passant était le coin rêvé pour subir un effet maximum de vidange stomacale….
Revenons à un peu plus de coordination, celle-ci nous montre le départ des moniteurs pour le rassemblement de la formation « St ÉLOI » que vous avez pu admirer préalablement.
Quant à celle-ci vous la connaissez sous un autre angle, c’est bien le nez du 103, ou plutôt la casserole et la bouilloire qui va avec….
Je reviens à un peu plus d’exotisme avec d’abord la photo d’un Lancaster.
Photo 26/50
Puis celle d’un SEA FURY- vous connaissez ces grosses cylindrées qui participent aux courses en circuit fermé de RENO-(USA)- Celui-ci semble avoir une immatriculation irakienne et aurait été pris à Rabat.
Maintenant un petit moment de nostalgie pour un cockpit dans lequel il y a eu par moments de grosses gouttes de sueur..
Rencontres de l’ancien et du nouveau entre Julies et Fouga..
Où on retrouve le PC de la base qui s’encadre dans la queue d’un T6
Et une rareté, le NC 701, Martinet, N°236, (inscriptions sur la dérive) qui est issu du Siebel 204
Là vous avez un mélange d’arrières trains.
Et vous découvrez à nouveau quelques bâtiments dont le profil est bien connu des élèves pilotes .
Changement de décor, là il fallait avoir les épaules solides, le MAS 36 en a endolori plus d’une… !
Au fait un détail non négligeable il n’y avait qu’une seule cible : ….le pot de colle destinéà coller les rustines sur les trous des cibles…On ne faisait pas des scores terribles, d’ailleurs on s’entraidait les uns les autres pour avoir un minimum de points, vu que de temps en temps on tirait un peu en travers………….
Au premier plan André Kleiber
Sur cette autre, ne vous faites pas d’illusions, j’étais monté dans un palmier de petite taille, pour avoir les dattes directement du producteur au consom-mateur…..
Photo 35/59
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Ce cliché nous montre les moyens de transport adaptés au pays et comme vous pouvez le remarquer ce n’est pas celui qui a les plus grandes jambes qui est le plus avantagé….
Après la ballade du bourricot et du dromadaire, un détour par les souks de la Médina. Ici je suis avec notre rescapé du décollage de Sidi Zouine, Alami Mejatti dont un parent avait une échoppe dans la Médina et là nous étions au milieu des tapis….
Après ce détour dans la Médina, un moment de grand air sur une belle avenue, que par manque d’information je ne saurais situer………….
Pour nous retrouver à côté du grand bâtiment près de la tour de contrôle (DIV ?)….
Photo 40/64
De nouveau le PC de la base..
Et une dernière de la « Julie »…
Juste avant notre départ pour nos nouvelles unités (début 1961), alors que la base était mise en caisses avant d’être rétrocédée aux armées marocaines, les Julies ont été démolies à la hache et mises en pièces pour la ferraille…..
J’ignore s’il y en a eu de sauvegardées, le fait est que le commandement avait d’autres préoccupations………..
L’élément du paysage marocain qui suit est la butte de Chichaoua. Elle se situe au nord de la ville et la photo est prise cap au sud. Pour vous permettre de voir ce qui a changé, j’ai fait une capture d’écran du même endroit pris par satellite le 8/12/2018, sur Google Map. On voit bien que le petit village à droite de la butte s’est considérablement étendu, de même que la ville de Chichaoua, 58 ans d’écart séparent les deux prises de vues…
Photo 43/67 et "butte de Chichaoua" Photo 44/68
Une des entrées des bâtiments élèves, avec ses abords très secs et poussiéreux….
Tout autant que cet endroit un peu irréel qu’était pour nous la place Jemaa-El-Fna, dominée par la Koutoubia, avec toute une animation de vie extraordinaire…
Ses danseurs...
Ses porteurs d’eau..
Et ses calèches
« Nous voilà arrivés à la fin de notre premier parcours aéronautique. Pour certains le parcours s’est interrompu avant la fin et pour ceux-là un reclassement leur est proposé. Pour ceux qui sont arrivés au bout, parfois avec quelques difficultés, dont une que pour ma part je n’attendais pas, ce sont les affectations futures.
Je reviens sur cette difficulté due à un coup de fatigue, très sournois, auquel je ne m’attendais pas, la température élevée des lieux ayant joué un rôle non négligeable. Ce jour là comme par hasard, c’était la séance d’atterrissages notés, et évidemment il valait mieux ne pas se louper. Et cette fatigue a entrainé ce que l’on appelle de « la viscosité mentale » ; pour illustrer, on effectue mentalement les actions vitales et l’on ne se rend pas compte que le geste ne suit pas et l’on termine l’action sans avoir accompli le geste adéquat. Et ce jour là je me suis présentéà l’entrée de piste ………… avec le train d’atterrissage rentré, donc fusées rouges, remise de gaz……. J’ai eu droit à une séance de rattrapage.
Et je me suis toujours souvenu de cet effet de la fatigue sur le corps, car sur hélico lorsque l’on travaille en montagne à transporter des charges lourdes, avec des dénivelés importants, on apprend à se ménager des temps de repos après avoir effectué un certain nombre de rotations….
Les différentes affectations ont eu lieu, qui va être chasseur, transporteur, voilure tournante, moniteur, ou affecté en unité combattante………
Dans un parcours parallèle à notre promo il y avait des E.P.E.R, (Elèves Pilotes Elémentaires de Réserve) qui avaient un statut particulier , parmi lesquels il y en avait un qui s’appelait Paglia (promo 60B1), que l’on trouve sur le blog du 10 octobre 2010 (photo promo 60B), l’avant dernier debout à droite…. (cliquer sur 10-10-10)
Au sujet des E.P.E.R ou des P.E.R je vous propose un lien qui parle d’eux : avions-algerie
Nous nous sommes retrouvés en février 1961 pour cette soirée de fin de promo à l’hôtel El Maghreb. Regardez les bien , les filets d’air ont à peine défrisé leur coiffure et buriné leur visage….
Le temps a passé, je reconnais un certain nombre d’entre-nous car voisins de chambrée ou d’escadron, sinon puissiez vous m’aider à le faire pour les autres…et si je me suis trompé n’hésitez pas à le dire… oul'écrire dans les commentaires.
Rangée du fond G à D : Branjon, ltt Comini masqué en partie par Kleiber – Sous toute réserve Cdt Bergeron ?-X-X-X
Pour les rangées de la table je commence par les plus près en allant vers le fond….
rangée de gauche : Oliveras, X, Pagnon, Rodde (monit), Simon JF
rangée de droite : X-X-X-Dautrement (monit), X, Simon (homonyme autre escadron)
Rangée de gauche :assis : Petitet, Sido, Challend de Cevins
Debout à gauche : (peut être) Leroux; Milieu au fond : Guynier
Rangée de droite : Toquebiau, Warzyniak(monit),X , X, Belhomme de Franqueville
Rangée de gauche : X-X-X-X, Kleiber, Bartholomy
Milieu au fond : Béroudiaux.
Table du fond à gauche : Grandidier
Table contre le mur de la cheminée, côté mur : X- Lambert- X, Bauchard , non visible Branjon, Ltt Comini, Bergeron ?
Côté Face au mur : Ribaillier
Table centrale , de face : Oliveras,X, Pagnon, Rodde, Simon JF.
Là on sent que l’on arrive à la fin du repas et que les réjouissances vont commencer…….
Ces trois-là s’entendent bien : François Sido, Max Toquebiau, Jacques Ribaillier
Enfin on va passer aux choses sérieuses……………..
De face Ltt Comini ; De côté Simon JF.
L’orchestre se met en place
Retourné vers le photographe, en bas : Cren
Le saxophoniste : Dautrement (monit)
Nous étions jeunes, plein d’entrain et la vie nous tendait les bras………………..
Pourtant, durant notre année d’instruction, un évènement est venu nous rappeler que piloter n’étais pas anodin, car un lendemain de vol de nuit de la promo précédente, cela a été une journée de consternation. Au cours du vol de nuit du 22 juin 1960, l’un des pilotes Guy Vandewalle s’était tuéà côté du terrain. Pour tout le monde cela a été une journée des plus silencieuses…………
Bien sûr en 20 ans d’aéro-nautique j’ai retrouvé quelques-uns de mes compagnons de promo, les évènements de la vie sont aussi passés par là et la liste s’est éclaircie …………
Pour terminer cette première séquence le foulard du 4ème Escadron …………..
Bientôt nous allons nous retrouver pour parcourir ensemble un livret humor-istique de la promo 60C ………….