Beaucoup d'anciens marrakchis gardent des souvenirs agréables du lac Cavagnac: pèche, baignade, bateau, sports nautiques avec pique-nique
Comme Francine, nous en avons des souvenirs et des photos.
Nous connaissions tous le nom de l'ingénieur Cavagnac, mais qui connaissait son prénom ? Frédéric !
Frédéric, Adrien CAVAGNACétait aux Ponts et Chaussées, ingénieur-chef du 3e arrondissement du Sud à Marrakech.
Né un 4 février, année 1879, d'un père gendarme, il avait réussi son bac à Millau et obtenu une bourse d'études pour devenir ingénieur des Ponts et Chaussées. Il a commencé sa carrière en Indochine en 1901, puis en 1914 fut affectéà la défense de la frontière dans les Vosges. Il fut muté pour entrer au Service du Génie du Maroc. En 1921 il passe de la chefferie de Casa à celle de Fez.
Lors de sa construction, le barrage ne portait pas encore le nom de Cavagnac. Il était connu sous le nom de "Barrage de l'Oued N'fis".
La photo est de 1932 et montre l'état des travaux à leurs débuts. La Société des Grands travaux de Marseille en était le maître d'oeuvre. La quantité de béton nécessaire fut exceptionnellement élevée.
Une année plus tard la muraille de béton progresse.
Les galeries de captage forment ogive.
Depuis le barrage, on voyait la vallée de l'Oued N'Fils comme elle se présentait autrefois.
Mireille Mercier nous a confié une photographie, prise à l'époque où son père travaillait à la construction du barrage.
Ce n'est qu'à la veille de la 2e guerre mondiale, le 15 mars 1939, que le barrage après des essais sur plusieurs années, fut totalement terminé et atteint son niveau maximum de 52 mètres. Le général Noguès vint officialiser son bon fonction-nement le 1er avril 1939 en assistant à un exercice d'ouverture de vannes. Ce ne fut pas un poisson d'avril ! Il rendit visite ensuite au Sultan qui se trouvait en son palais impérial. Le lendemain 2 avril, il inaugura la Foire de Marrakech au Hartsi. xxxxxxxxx
Le barrage depuis un T6; cliché par le Service photographique de la Base aérienne 707
Les responsables de la construction du barrage se heurtèrent à de nombreuses difficultés avant le début des travaux en 1929. L'une d'entre elles fut l'achat des terres et les questions juridiques soulevées par la grande diversité des questions de droit du sol en pays berbère. Une armée de juristes fut mobilisée pour lever toutes les difficultés de droit sur chacune des propriétés.
Aux difficultés d'expropriation et d'achats des terres s'ajouta la difficulté religieuse, relative à la présence de la Kouba de Lalla Takerkoust. Une nouveau Marabout sera construit mais seulement en 1935 avec une conduite d'amenée d'eau entre l'ancien et le nouveau marabout. Les constructeurs n'osèrent pas irriter les berbères attachés à cette Lalla et à son pouvoir de guérison. Ce qui fait que la hauteur du niveau du lac artificiel fut limitée à 52 metres au dessus de l'oued; le barrage lui-même atteignant 61 mètres. Il était possible de concevoir un barrage plus élevé, mais cela aurait empéché le pélerinage à la Kouba de Lalla Takerkoust. D'ailleurs après l'Indépendance les autorités eurent moins d'hésitations et surélevèrent le barrage de 9 mètres pour augmenter sa capacité en réserve d'eau d'irrigation.
La source miraculeuse de Lalla Tarekoust est appelée aussi SOURCE DES TORTUES. Marc de Mazières en parle dans son livre édité en 1937. "Quand un individu se croit possédé des mauvais génies (...), on tente de les exorciser par des prières répétées. Ici, le mokkaden, gardien de la source, fait prendre au patient qui sollicite le secours de Lalla takerkoust, un bain de pieds dansle bassin après lui avoir garni la chair de pâte de pain; alors, les tortues d'eau, nombreuses dans la source et auxquelles on attribue le pouvoir de chasser les démons du corps, viennent manger la pâte tout en pinçant un peu la peau, et plus elles mordillent les pieds du patient qui doit s'immobiliser pour ne pas les effrayer, mieux sera assurée la guérison."
Beaucoup d'entre nous ont des photos et des souvenirs liés à ce barrage et à son lac artificiel surnommé depuis Lac LALLA TAKERKOUST, du nom de la sainte vénérée en ces lieux. Ceux qui voudraient partager des photos ou des récits de souvenirs peuvent les envoyer au blog Mangin@Marrakech. Ils seront ajoutés à cette page. À bientôt.
Roger Beau nous fait part d'un événement inquiétant liéà ce barrage:
"En fin d’hiver ou début de printemps 1949 ou 1950. Je ne suis pas certain de la date... Ce n’était pas en 1948, car durant l’année scolaire 47/48 j’étais scolariséà Villard de Lans. J’étais bien élève du lycée Mangin quand l’événement eut lieu.
Donc cette année-là, compte tenu de la quantité d’eau déversée par les nuages, probablement majorée par la fonte des neiges, ledit barrage était plein à craquer, et le mot n’est pas trop fort.
Les techniciens n’arrivaient pas à ouvrir les vannes de sécurité afin que l’eau évacuée puisse diminuer la pression exercée sur la muraille de retenue. On craignait l’effondrement de celle-ci. Les conséquences auraient été dramatiques pour la médina de Marrakech. Notamment le secteur de la place du Tazi (hôtel Tazi, garage Renault et immeuble hébergeant le cabinet des avocats Me GUY et Me PAOLINI, entre autres) aurait subi des dommages énormes, entraînant de nombreuses victimes.
Finalement une solution de déblocage de ces vannes a dûêtre trouvée puisque le déferlement d’eau a pu être évité.
Je n’en sais pas plus, mais j’imagine que ce rappel permettra de faire émerger, à ce sujet, des informations plus complètes..."
Qui aurait des coupures de journaux de cette époque, pour nous renseigner sur cet événemen.