LE PHOTOGRAPHE O. KYNEL S'INSTALE À MARRAKECH AVANT 1937
Au début il signe O. Kynel, puis seulement KYNEL. Son prénom est Oldrich, ce qui est une version tchèque de Ulrich. Il est arrivéà Marrakech par la Légion étrangère dont il sort avec le grade et la retraite de capitaine. Il a épousé une Alsacienne, probablement de Mulhouse.
Sur l'annuaire de 1937 le studio-photo de Oldrich KYNEL ne figure pas encore. Il a choisi de l'installer au bas de l'Avenue Mangin, au plus près du camp militaire et face au premier cinéma de la ville Le Régent. Les autres photographes déjà sur l'annuaire sont ZURITA, FÉLIX, VRITONE, ROUDNEV ET ZERMAS.
KYNEL ne lésinait pas sur la qualité du matériel, il se servait du nouveau ROLLEIFLEX. Personne d'autre que lui n'avait le droit d'utiliser le sien... Roger BEAU qui a travaillé occsionnellement comme photographe pour le studio se souvient: "On ne voyait que très rarement Monsieur Kynel au magasin, et même alors, il était peu disert. J’ai pu apprécier ses compétences de photographe, car j’ai pu voir certains des tirages de grande qualité que le couple m’a présentés, avec comme maigre indication de l’épouse : voici des agrandissements de photos de mon mari. Son appareil de prise de vues hors studio était un ROLLEIFLEX datant probablement des années 1938 ou 1939. Il me l’avait montré mais sans jamais me proposer de l’utiliser, même à titre d’essai. Son propre neveu, un photographe professionnel que le couple KYNEL avait fait venir d’Alsace sous contrat pour une durée d’un an en 1955/1956, n’a jamais eu lui-même entre les mains cet appareil."
On peut distinguer plusieurs types de clientèle visés par KYNEL: les militaires d'abord qui joignaient des photos à leurs correspondances, les revues et publications poiur illustrer leurs articles, les journaux quotidiens pour les reportages, les sociétés et associations pour leurs événements, les photos de classes, les fêtes familiales ou religieuses.
KYNEL fait des reportges sur les événements liés à l'armée
Le Spahi Bernon en compétition
Roger BEAU explique pourquoi KYNEL préfère la vente de photos à celle de cartes postales: "Monsieur Kynel lui- même ou son épouse n’ont probablement, à ma connaissance, jamais produit ou signé de cartes postales. Ils privilégiaient la vente de petites photos (format 6x9 ou 7x10 cm mais aussi en 13 x 18 cm) typiques du contexte touristico-culturel de Marrakech en les proposant à la vente à cette clientèle particulière que représentaient les militaires français appelés des contingents qui déboulaient en fin d’après-midi des nombreuses casernes du camp Mangin, et qui allaient rarement déambuler ou photographier en médina. La position « géographique » du magasin KYNEL était particulièrement appropriée : juste en face du cinéma Régent, donc dans les 20 premiers mètres de l’avenue Mangin en sortant du camp militaire. Ces jeunes gens expédiaient certainement les photos à leurs parents ou amis de métropole, sans doute en omettant de préciser qu’ils n’étaient pas les auteurs de ces images. Des cartes postales auraient eu une taille plus importante (9 x 14 cm en ces temps-là), mais n’auraient jamais pu cacher leurs origines, aux dires de madame KYNEL..."
ILLUSTRATION DE LA BEAUTÉ DE MARRAKECH DANS DES PUBLICATIONS
Une porte traditionnelle dans un jardin d'oliviers . Cette photographie a été choisie par Jean du PAC, pour illustrer la revue l'ATLAS, numéro spécial du printemps sur le Tourisme à Marrakech en 1937.
Un pavillon du jardin du Hartsi
Photographies pour la revue l'Atlas
LES ASSOCIATIONS DE MARRAKCHIS ET DU SUD
L'association de Gymnastique de Marrakech (AGM) participe au défilé
LE photographe officiel des établissements scolaires à MARRAKECH était ROUDNEV. C'est donc à Mogador (Essaouira) dans l'établissement de l'Alliance Israélite que Kynel va opérer.
KYNEL s'investit parfois dans le photo-reportage. Le numéro du 8 aout 1937 de l'Écho d'Alger reproduit une de ses photographies.
Kynel traite cet horrible événement de manière sobre, le criminel aux pieds enchaînés tenu par l'agent. L'article qui accompagne la photo est du correspondant de l'Echo d'Alger à Casablanca/
Du 3 aout: À quelques kilometres de Marrakech, sur la route du douar Houziza, un homme d'une trentaine d'années, Mohamed Ben Mohamed, devenu subitement fou furieux a égorgé un jeune paysan, puis l'éventrant lui a arraché le coeur et le foie. Quelques minutes après, il attaquait un jeune berger, mais le jeune homme vigoureux, se dégagea et prit la fuite.
Des femmes étaient accourues à ses cris. Ben Mohamed se précipita sur l'une d'elles, arracha le bébé qu'elle tenait dans ses bras, l'éventra et lui arracha le coeur et le foie avant même que les hommes du douar accourus aient pu le maîtriser.
Après son arrestation, Mohamed Ben Mohamed, redevenu calme s'est confiné dans un mutisme absolu. Il semble n'avoir aucun souvenir des deux horribles crimes qu'il a commis coup sur coup.
LES ÉVÈNEMENTS RELIGIEUX
Le parvis de l'église des Saints Martyrs fut le théâtre de nombreux clichés pris par Kynel
Cette photo de communiants a été choisie pour illustrer l'événement "100 ans de Guéliz".
L'entrée du temple protestant de l'Hivernage à l'occasion de la fin d'un service d'obsèques. (Photo Kynel)
LE STUDIO KYNEL AU 17 DE L'AVENUE MANGIN EN 1955-56
Les KYNEL habitaient rue Clémenceau, mais leur studio se situait au bas de l'avenue Mangin. La devanture du studio montre une grande variété de portraits.
En mai 1956 plusieurs photos montrent l'équipe KYNEL en commençant par la souriante Fanny, la personne de confiance de madame Kynel.
A.x-xFannyxdevantxunxagrandisseur :
B. Monique Coutard, salariée, dans le labo d’agrandis -sements, et Cliquot, un ami des KYNEL,
C. Fanny au studio se préparant à effectuer une séance de portraits ;
D. Derrière Monique Coutard, on aperçoit le présentoir des images en format 6 x 9, et, sur la table, le présentoir des images en format 13 x 18 cm proposées à la vente ; Monique Coutard est décédée il y a un an.
E. A l’occasion d’un reportage au jardin d’été debout Claude Parizot, Monique Coutard et Cliquot ;
F. Claude Parizot , Cliquot et Monique Coutard, juste avant un reportage en médina ;
G. A droite O. Kynel, sa femme tenant dans les bras le premier bébé de leur neveu Claude Parisot, néà Marrakech ;
H. Monique Coutard devant le présentoir
I. Fanny préparant la recette de la journée (aidée de son mari militaire de la B.A. 707) ;
J. Fanny expliquant à une nouvelle recrue l’organigramme du travail de la journée.
Claude PARISOT, neveu de O. KYNEL collabora pendant au moins une année complète, comme photographe dans l'équipe KYNEL. A la même époque Roger BEAU effectua plusieurs reportages pour le studio Kynel. Il partage avec nous ses souvenirs de l'époque: "J’ignore la date des débuts de photographe d'O. Kynel à Marrakech, mais il me semble (sous toutes réserves, car ce n’était pas un grand bavard) qu’il est venu au Maroc, à l’origine, en qualité d’officier de la légion étrangère. Si des photos de lui ont été publiées en 36/37, il semblerait qu’il était alors déjà installé et donc libéré de son engagement dans l’armée. Madame KYNEL, dont je n’ai jamais entendu le nom de jeune-fille, ni le prénom, était sûrement d’origine alsacienne, mais j’ignore si le neveu qu’ils avaient fait venir d’Alsace en 1955 et 1956 (Claude PARISOT), était parent de monsieur ou de madam."
D'autres photographies concernent le neveu des KYNEL, Claude PARISOT et seront publiées ultérieurement.
Merci à Roger BEAU pour sa contribution et ses photographies. Comme O.KYNEL n'a pas édité de cartes postales, nous avons peu de clichés de ses oeuvres. Mais peutêtre certains des lecteurs du blog disposent de photos avec le tampon du studio Kynel. C'est volontiers que le blog les éditera pour compléter cette page sur un ancien photographe de Marrakech.