NATHAN BOUMENDIL EST UN DES PREMIERS PHOTOGRAPHES DU XXe SIÈCLE AU MAROC
Son nom est répandu au Maroc et en Algérie dans la communauté juive, car il signifie dans la montagne berbère, l'homme au foulard. En fait il s'agit d'un sobriquet devenu par l'usage un nom de famille. Il a des variantes comme Bou mendel ou Bou mandel. Son origine est marocaine même si de nombreuses branches sont passées en Algérie. Au Maroc en effet, avant le Protectorat, la coiffure obligatoire des juifs est un carré de tissus de la forme d'un grand mouchoir dont la pointe tombe sur le cou et qui est noué sous le menton à la manière des espagnoles. Mendil, du vocabulaire arabe nord-africain est empruntéà la langue castillane, "mantilla", mot qui vient lui-même du latin Mantele, Mantelum (manus tela).
Une de ses premières photographies, prise à la sortie de Marrakech vers l'une des villes de la côte atlantique, date de la période agitée qui a précédé et suivi la mort du célèbre docteur Émile Mauchamp en mars 1907. À cette époque MOULAY AL HAFID était le khalifat du Sultan pour Marrakech et le Sud, le Sultan était aussi son demi-frère MOULAY ABD EL AZIZ. Un correspondant allemand, Holtzman, avait fait croire aux marrakchis qu'un roseau dressé sur le dispensaire du docteur Mauchamp était une antenne radio, la preuve qu'il était un espion. MOULAY EL HAFID se préparait à renverser le pouvoir de son frère et Marrakech était envahie par ses alliés les hommes bleus de Ma el Aïnine. Ils voulaient destituer MOULAY ABD EL AZIZ trop tolérant à l'égard des roumis, qu'ils voulaient chasser du Maroc. MOULAY EL HAFID comprenant qu'il ne pourrait pas les empecher de s'attaquer aux étrangers en résidence à Marrakech décida d'exfiltrer de nuit tous les européens, de même que les familles juives. C'est ce que représente la photo prise par Nathan BOUMENDIL fin mars 1907 et qu'il a éditée en carte postale.
On remarquera que l'éditeur-photographe a son siège social en Algérie à Sidi-Bel-Abbès. Un photographe dont le nom est d'origine marocaine établi en Algérie. En remontant le temps on s'aperçoit qu'il est né le 30 juin 1866 à Tiaret.
La véritable raison de son implantation à Sidi-Bel-Abbès vient de son mariage le 6 février 1901 avec une jeune femme de cette ville Meriam AMRAN. Nathan était venu à Sidi Bel Abbes pour y voir ses parents et son grand frère Judas BOU MENDIL agé de 40 ans qui y exerçait un emploi de représentant de commerce.
Nathan était déjà photographe à l'époque de son mariage, il s'était formé en France à Verdun-sur-le Doubs après avoir renoncéà une activité de clerc d'huissier. C'est au contact du photographe A. CHANDIOUX qui avait créé un deuxieme studio dans la ville voisine de Chalons-sur-Saône qu'il s'investit dans ce métier.
Nathan et Meriam s'établirent donc à Sidi Bel Abbès où résidaient leurs parents; très vite ieur naquit une fille Etoile, Suzanne BOUMENDIL née le 6 décembre 1902 et un fils Albert, Eliezer BOUMENDIL né le 20 juin 1904. Cependant Meriam allait mourir en 1905.
Plus tard l'implantation à Sidi Bel Abbès se confirmera pluisque Etoile, Suzanne s'y maria le 7 juin 1922, de même Albert Eliezer BOUMENDIL marié décédéà Versailles le 17 mars 1977, père de Serge Boumendil.(1937-2014).
Il se remarie avec Cety AMRAM avant 1912, année de naissance de leur fils Léon
C'est encore ainsi qu'il signe ses clichés de l'occupation d'Oudjda (Maroc) en avril 1907. Mais, dans les années 1908-1913, Boumendil ouvre un atelier à Taourirt, réalise des clichés qu'il édite en plusieurs séries de cartes postales. De nombreux clichés concernent l’armée française et les opérations militaires de la campagne de 1911 et des années suivantes, dirigée par Lyautey (Taourirt, Bou-Denib, Taza). Il a également réalisé un reportage à l'hôpital de Nemours (Algérie) sur le travail du personnel de la Croix-Rouge au moment de l'expédition marocaine. Il a réparti ces clichés sur les campagnes au Maroc en plusieurs séries : "Evénements de la frontière algéro-marocaine (1906)", "Colonne du Haut-Guir (1908)", "Colonne de la Moyenne Moulouya (1915)". En ce qui concerne les vues de villes, de paysages, de monuments, elles sont éditées sous le titre général "La France au Maroc oriental". Des rééditions de ses cartes postales sont faites dans les années 1920. Lors des événements de la Moulouya, Boumendil n'est pas le seul photographe autorisé par les militaires à suivre le corps expéditionnaire : un autre photographe, Bourmaud, se trouve dans la Haute-Moulouya, et quelques uns de ses clichés, autorisés par l'autorité militaire, sont édités en cartes postales. En 1921, lors de la révolte du Riff contre Melilla, les clichés de Boumendil montre la présence de soldats espagnols en zone française, à Taourirt
IL cesse son activité en 1929 d'après Marc Bedjaï et Françoise Pochon-Wesolek.